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12/03/2025
Lecture : 6 min
Comment fonctionne l'annualisation du temps de travail ?

Chargée de la communication de So'Horsys & Premium-RH
L'annualisation du temps de travail s'impose comme une solution clé dans un contexte où les entreprises doivent concilier performance économique et agilité organisationnelle. C'est également une obligation, notamment dans la fonction publique territoriale. Cette question de gestion des temps de travail est au cœur des préoccupations des responsables RH, confrontés aux variations d'activité, à la saisonnalité, et aux nouveaux modes de travail.
Sa mise en œuvre soulève cependant de nombreuses questions juridiques et pratiques. Comment déployer ce dispositif en conformité avec la réglementation ? Quels impacts sur la gestion des équipes et la planification RH ? Quels bénéfices et points de vigilance prendre en compte ? Cet article vous apporte un éclairage complet sur cette modalité d'organisation qui transforme les pratiques RH traditionnelles.
Qu'est-ce que l'annualisation du temps de travail ?
Définition et contexte
L’annualisation du temps de travail en entreprise est une méthode qui consiste à répartir le nombre total d'heures travaillées par un salarié sur une période d’un an.
Contrairement à l’organisation classique basée sur un temps de travail hebdomadaire fixe (par exemple, 35 heures par semaine), ce dispositif permet de moduler les horaires en fonction des fluctuations de l’activité. Et donc, de passer sur un temps de travail annualisé, d'où le terme d'annualisation.
Un cadre juridique encadré
L’annualisation ne peut être mise en place que dans le respect strict des règles définies par les articles L3121-41, L3121-42 et L3121-43 du Code du travail. La loi impose, en effet, de conclure un accord collectif ou, à défaut, d’utiliser des dispositifs dérogatoires prévus par la réglementation. Cette obligation vise à protéger les salariés en garantissant que, même si le nombre d’heures varie d’un mois à l’autre, le total annuel reste conforme aux normes légales.
Pour les RRH, il est impératif de s’appuyer sur un cadre juridique solide pour éviter tout litige ultérieur et assurer une application transparente auprès des équipes.
Pourquoi annualiser le temps de travail ?
Répondre aux fluctuations d’activité
De nombreuses entreprises font face à des fluctuations saisonnières ou cycliques, rendant inappropriée une répartition fixe des heures hebdomadaires. L'annualisation du temps de travail offre ainsi la possibilité d’ajuster la charge horaire en fonction de l'activité. Pendant les périodes de forte demande, les effectifs peuvent être mobilisés sur un nombre d'heures supérieur, tandis que les périodes plus calmes se traduisent par une réduction du temps de travail.
Ce dispositif est particulièrement avantageux pour les secteurs comme le tourisme, l’agroalimentaire ou certaines industries manufacturières. Par exemple, une entreprise événementielle qui enregistre un pic d'activité pendant les vacances peut concentrer les heures de travail lors de ces périodes, compensant ensuite par une diminution durant les périodes creuses. Cette flexibilité permet d’ajuster précisément les effectifs aux besoins réels, de limiter le recours aux intérimaires et d’optimiser les coûts salariaux.
Flexibilité et adaptation pour les RRH
Pour le responsable des ressources humaines, la mise en place de l’annualisation du temps de travail constitue un levier stratégique. Elle offre la possibilité d’ajuster la charge de travail en fonction des objectifs de l’entreprise tout en conservant une approche humaine et respectueuse du bien-être des salariés.
En adaptant les horaires sur l’année, le RRH peut, par exemple, anticiper et planifier les périodes de formation, les pics de recrutement ou encore les congés en période moins chargée.
Inconvénients de l’annualisation du temps de travail
Si l'annualisation du temps de travail apporte de réels avantages, elle présente également certains points de vigilance à considérer.
Complexité administrative
- Nécessité d'outils performants pour la gestion et le suivi des heures.
- Risque de dépassement d'horaires non maîtrisé.
Impact humain
- Charge de travail parfois difficile pendant les périodes hautes.
- Équilibre vie professionnelle/personnelle plus complexe à maintenir.
Risques sociaux
- Démotivation possible sans visibilité claire sur les compensations.
Une communication transparente et un cadre bien défini sont donc essentiels pour réussir sa mise en place.
Comment mettre en place l'annualisation du temps de travail ?
Mettre en place l’annualisation du temps de travail demande une organisation rigoureuse et une bonne anticipation des besoins de l’entreprise. Voici les étapes essentielles pour une mise en place efficace.
Les étapes clés
1. Diagnostic et préparation
Avant de lancer le dispositif, l’équipe RH doit réaliser un diagnostic de l’activité afin d’identifier les périodes de forte et de faible charge de travail. Ce diagnostic permet de définir les objectifs et de déterminer que l’annualisation s’effectue sur 1607 heures, ni plus ni moins.
2. Consultation et négociation
L’annualisation du temps de travail doit faire l’objet d’une concertation avec l’ensemble des parties prenantes, notamment les représentants du personnel ou le Comité Social et Économique (CSE). La négociation vise à établir un accord collectif qui définira les modalités d’application, le calendrier prévisionnel et les mécanismes de compensation.
3. Définition des modalités de calcul
Le dispositif repose sur un calcul précis du nombre d’heures à effectuer sur l’année. Par exemple, pour un salarié à temps plein en contrat 35h, le total annuel est obligatoirement fixé à 1607 heures, après déduction des congés payés. Ce chiffre peut varier en fonction des accords collectifs et des modalités propres à chaque entreprise.
4. Mise en place d’outils de gestion et de suivi
Pour faciliter le suivi du temps de travail, il est fortement recommandé d’utiliser des logiciels de gestion des temps permettant de comparer le nombre d'heures théoriques à réaliser et le nombre réel d'heures effectuées (théorique vs. réel), grâce à des compteurs d'heures.
Ces outils aident le RRH à anticiper les dépassements éventuels et à ajuster les plannings en conséquence.
Comment calculer l'annualisation du temps de travail ?
Pour mettre en place efficacement l'annualisation du temps de travail, il est essentiel de maîtriser son calcul et sa planification.
Le calcul de l’annualisation repose sur la détermination du nombre d’heures à réaliser sur l’année, selon le contrat de travail.
L’équipe RH doit veiller à établir un calendrier prévisionnel permettant de répartir ces heures de manière équilibrée sur l’année, tout en prévoyant une marge de manœuvre pour les imprévus.
Prenons le cas d’un salarié travaillant 35 heures par semaine. La durée légale annuelle de travail est fixée à 1 607 heures.
Ce total est calculé en tenant compte des éléments suivants :
- Nombre total de jours dans l'année : 365 jours
- Jours de repos hebdomadaire : 52 semaines × 2 jours = 104 jours
- Jours fériés : en moyenne 8 jours
- Congés payés : 25 jours
Calcul des jours travaillés :
365 jours (total annuel) – 104 jours (repos hebdomadaire) – 8 jours (fériés) – 25 jours (congés payés) = 228 jours travaillés
Calcul des heures travaillées :
228 jours × 7 heures/jour = 1 596 heures
En ajoutant la journée de solidarité de 7 heures, on obtient un total de 1 603 heures. Cependant, la durée légale annuelle du travail est fixée à 1 607 heures, ce qui inclut des ajustements spécifiques.
Qu'en est-il de l’annualisation sur les heures supplémentaires, congés, RTT et temps partiel ?
Le travail à temps partiel annualisé
Ce dispositif permet de répartir sur l’année les heures prévues au contrat d’un salarié à temps partiel et offre une flexibilité selon les périodes de forte ou faible activité.
Les points clés :
- Cadre contractuel : le contrat doit préciser la durée annuelle de travail, la répartition approximative des périodes travaillées et non travaillées, ainsi que le lissage de la rémunération.
- Encadrement légal : les heures complémentaires ne doivent pas dépasser le seuil légal pour éviter une requalification en temps plein (article L.3123-9 du Code du travail).
- Exemple : un salarié à 20h/semaine peut travailler 25h en période de pic et 15h en période creuse, tant que le total annuel est respecté.
Les heures supplémentaires
Dans le cadre d’un accord d’entreprise, une limite hebdomadaire, par exemple 39 heures, est définie.
- Chaque semaine : si un salarié dépasse ce seuil, les heures supplémentaires effectuées sont rémunérées.
- Sur l’année : si le total des heures dépasse le quota annuel fixé (par exemple, 1607 heures), le solde des heures encore non payées est régularisé à la fin de l’année.
Exemple pratique
Penons l’exemple d’un salarié dont le contrat est basé sur 39 heures par semaine, conformément à l’accord d’entreprise. Sur une période de quatre semaines, ses horaires sont les suivants :
- Semaine 1 : 42 heures
- Semaine 2 : 42 heures
- Semaine 3 : 38 heures
- Semaine 4 : 42 heures
Sur cette période, la moyenne hebdomadaire s’élève à environ 41 heures. Ainsi, lors des semaines où le salarié dépasse le seuil de 39 heures, les heures effectuées en excès (par exemple, 3 heures pour une semaine à 42 heures) seront rémunérées en heures supplémentaires, avec la majoration prévue par la législation.
Rémunération des heures supplémentaires
Les taux de majoration des heures supplémentaires sont encadrés par la loi :
- Dans la limite du contingent annuel : les heures sont rémunérées au tarif normal.
- Au-delà du quota (par exemple, après 1607 heures) : les heures supplémentaires sont majorées de 25 %, jusqu’à un certain plafond (par exemple 1972 heures).
- Après ce plafond : la majoration passe à 50 %.
Les congés payés et RTT
Dans le cadre de l’annualisation, les congés payés restent acquis à hauteur de 2,5 jours ouvrables par mois de travail effectif (soit 30 jours ouvrables par an pour un temps plein).
Cependant, leur prise doit être planifiée en tenant compte de la répartition annuelle des heures.
Le calendrier prévisionnel doit donc intégrer les périodes de congés afin de ne pas perturber l’organisation générale. Il convient d’anticiper la prise des congés pendant les périodes de moindre activité, tout en assurant la continuité du service.
L’annualisation du temps de travail se présente comme une réponse pertinente aux défis de l’organisation moderne des entreprises, en particulier dans un contexte de forte variabilité d’activité. Pour les équipes RH, ce dispositif offre la possibilité de réconcilier exigences économiques et qualité de vie au travail, à condition de mettre en place un suivi rigoureux et de communiquer de manière transparente avec les équipes.
À retenir
✅ L’annualisation du temps de travail permet de répartir les heures travaillées sur l’année plutôt que sur une base hebdomadaire fixe, offrant ainsi plus de flexibilité aux entreprises. ✅La mise en place de l’annualisation doit respecter les articles L3121-41 à L3121-43 du Code du travail et passer par un accord collectif ou un cadre réglementaire adapté. ✅Ce dispositif permet d’adapter la charge de travail aux fluctuations d’activité, d’optimiser les coûts salariaux et d’améliorer la gestion des ressources humaines. ✅L’annualisation implique une gestion rigoureuse des heures travaillées, une communication transparente avec les salariés et peut engendrer des périodes de forte charge de travail. ✅Un diagnostic précis, un accord collectif bien défini et des outils de gestion du temps sont essentiels pour assurer une application efficace et éviter tout litige. |